Il avait été difficile pour elle d'écrire son compte-rendu au sortir de sa mission. Nilacina était venue l'enrouler dans des bandages et avait insisté pour qu'elle file se coucher pour au moins prendre un peu de repos. Au final, elle s'était endormie jusqu'au lendemain midi. Bandages retirés, elle ne portait plus la moindre marque de ses combats de la veille.
L'affrontement avait été violent. Elle entendait encore les hurlements de haine de la morte de deux mètres, le sifflement de son arme qu'elle maniait avec une précision mortelle..
Elle ne confierait pas à ce rapport les détails de leur combat. Elle savait qu'ils pourraient lui attirer des ennuis et quelques lignes suffiraient pour clore ce chapitre.
18/03 - Je suis partie seule en journée sur l'île. J'aurais pu attendre la fin du weekend le retour d'Ombrya, mais puisque nous avions déjà une mission en cours en plus de celle-ci, je voulais achever cette première au plus vite. De plus la laisser traîner trop longtemps c'était prendre le risque que les choses dégénèrent sur l'île.
Et si le chafer avait décidé de sortir de sa crypte ? Le carnage aurait été bien triste.
Le squelette cette fois ne s'est pas laissé berner par un jeu de cache-cache derrière les piliers. Sitôt entrée dans la crypte, la mère s'est ruée sur moi dans un mélange de jubilation malsaine et d'agacement. Extrêmement violente. Inutile de lui briser les os, elle se reformait quelques secondes seulement après avoir été mise à terre.
Même phénomène pour les Kraméléhons envoûtés qui la protégeaient. J'en ai déduis que l'amulette changeait tout ce petit monde en sorte de mort-vivant en plus d'augmenter force et rage au combat. Très vite, j'ai stagné et la défense devenait fatigante.
Je devais creuser tout en esquivant les attaques.
La mère était bien plus grande et rapide qu'un chafer basique.
J'ai utilisé son sabre pour l'empaler contre un mur, la lame bloquée entre ses côtes. J'ai eu le temps de dégager un petit coffre en métal sombre de l'une des deux tombes près de la pelle.
Le chafer s'est arraché les côtes pour pouvoir se libérer, peu soucieux de l'état de son corps qui se remontait à foison.
J'ai brisé la dent de Kraméléhon qui pendait à son cou alors qu'il essayait de me plonger le visage dans les flammes d'un brasero allumé sur les lieux du combat.
L'amulette brisée, le chafer s'est enfin définitivement écroulé. Je crois avoir entendu un remerciement dans un soupir.
Les Kraméléhons sont retournés dans leur coin l'air égaré.
L'amulette est perdue. L'objet était probablement maudit mais il faut avouer qu'il aurait eu sa place au milieu d'une collection farfelue.
Le coffre ne présente pas la moindre serrure. Une boîte froide et lisse impossible pour le moment à ouvrir. J'ai essayé de glisser une carte à la recherche d'une fente et j'ai tenté d'activer des mécanismes en le retournant dans tous les sens mais aucun résultat pour le moment.
Aucune blessure grave à déplorer, quelques entailles refermées dès le lendemain. Le coffre a été rapporté à Tahroy.
Coffre, donc, qui appartenait à la famille d'osamodas protecteurs depuis plusieurs générations.
Ce matin j'ai retrouvé la jeune fille pour lui annoncer la délivrance de l'âme de sa mère. Il n'a été question que de trouver les bons mots. La famille nous offre ce coffre en remerciement et lorsque j'ai évoqué son ouverture quelque peu compliquée elle a ri et ne m'a révélé que ceci :
"N'oubliez pas qu'il appartenait à une famille de fervents disciple d'Osamodas !"
Cette mission est terminée.Mirye Lunegrise