Les cris, les pleurs, l'odeur d'aventuriers terreux couplée à celle des parterres de fleurs ... Tant d'éléments qui ne pouvaient tromper Ombrya sur l'endroit où elle venait d'arriver. La cité d'Astrub lui rappelait de nombreux souvenirs, dont une infime partie que l'on pourrait qualifier d'agréables.
Correctement enveloppée par une cape de voyageur, la tête recouverte de son habituelle capuche, la jeune femme s'arrêta pour toucher les murs de la ville. Combien de temps avait elle couru pour arriver ici ? Elle ne savait pas vraiment, surtout qu'elle avait du rallonger le trajet pour aller chasser des crocodailles, leur viande la faisant saliver plus que n'importe quoi au monde. La sacrieuse en avait ramené un bon paquet emmitouflé dans son baluchon de façon à en faire offrande à cette fameuse compagnie. Les mots n'étaient pas vraiment son fort, alors il lui faudrait trouver autre chose pour espérer les rejoindre.
Sortant de sa torpeur, Ombrya entreprit de se remettre en route. S'enfonçant rapidement au cœur de ce chaos que représentait la population Astrubienne, elle se mit à penser que rien n'avait changé. Des gens sans gêne la bousculait, les acheteurs compulsifs qui s'amassaient devant les hôtels de vente et les hommes insatisfaits à moitié saoul qui s'amusaient à la siffler dès qu'un bout de cuisse dépassaient de sa cape.
La jeune femme s'arrêta un instant et examina la carte qu'on lui avait donné.
- Voyons voir, le QG de la compagnie Krisegis ...
Par chance, l'endroit indiqué était assez calme. Son pas s'accélérait à mesure qu'elle approchait la maison de ce dénommé Tahroy, les yeux toujours rivés sur les instructions couchées sur papier. Elle esquivait les gens sans les voir, comme une danseuse, s'amusant à sentir leur déplacement et la direction qu'ils prenaient.
Ombrya releva finalement la tête, arrivée à destination. Une large maison assez luxueuse se dessinait devant ses yeux. Il n'y avait l'air d'y avoir personne à proximité. Elle s'approcha de la demeure et passa sa main sur le mur à côté de la porte où un petit trou se laissait deviner. Elle n'y prêta guère attention et posa son baluchon remplie de viande crue au sol, non sans regrets. Un parchemin était correctement attaché au niveau de l'ouverture.
Elle entreprit de le lire une dernière fois, de façon à s'assurer que ses intentions étaient claires.
Message à la compagnie de Krisegis,
Vous ne me connaissez sans doute pas, tout comme je ne vous connais pas non plus. Je vous laisse ce message dans le but d'exprimer mon envie de vous rejoindre. On m'a communiqué que je pourrais sans doute vous être utile alors me voici. Pour être honnête, les trésors et la fortune ne m'ont jamais intéressés et m'intéresseront probablement jamais.
En revanche, l'idée de travailler en groupe est une chose qui m'est étrangère et qui a le don de piquer ma curiosité. L'esprit de camaraderie et autres synonymes trouveront avec un peu de chance grâce à mes yeux. Si mon travail ne vous satisfait pas, je suis prête à en assumer les conséquences, aussi sanguinolentes soient elles.
En guise de cadeau d'approche, je vous ai emmené ce qui est un trésor inestimable à mes yeux : de la viande de crocodaille fraîchement découpée et séparée de ses écailles.
Je ne crois pas être une experte dans le maniement des mots, alors je ne me ferais pas plus longue.
Ombrya.
La jeune femme enroula le parchemin et le déposa, satisfaite. Ce n'était clairement pas une adepte des tirades et encore moins des proses interminables. L'essentiel se devait d'être clair et sans artifices. Tournant les talons, elle se mit en direction d'un coin tranquille où elle pourrait se reposer après cette course interminable.