[Mission forum ouverte] Un rendez-vous épineux

Taverne d'Amakna. Mon rendez-vous était fixé pour 21h et il était très exactement ... 21h.






Les instructions de Tahroy me reviennent rapidement en mémoire tandis que je pousse les lourdes portes en bois du bâtiment. Des effluves de bière, quelques rires discrets, la chaleur du feu de cheminée ...

Un grand gaillard aussi crispé que mal à l'aise vient aussitôt à ma rencontre.


- C'est pour le rendez-vous de 21h n'est-ce pas ?

- Et bien ... Oui. Enchantée, monsieur ?


Il faut avouer que j'ai soigné ma tenue, probablement ce détail qui lui mit la pupuce à l'oreille.. Mes cheveux blonds sont remontés en un large chignon haut et j'ai enfilé un tailleur bleu nuit parfaitement ajusté, mettant mes courbes en valeur tout en restant sobre et professionnelle. Quelques perles turquoises assorties à mes yeux autour de mon cou, et des escarpins noirs.

Il prend le temps - peut-être un peu trop - de me détailler de haut en bas puis me fait signe de le suivre sans même daigner me donner son nom.


Il transpire, je peux le sentir. À tous les coups ses mains sont moites et machinalement je fronce le museau à cette idée. Dégoûtant. Pourquoi cette angoisse au juste ? Est-ce que le laboratoire en question est du genre à négocier avec ses clients à coups de machette ? Je me permets un discret sourire dans son dos tout en continuant de le suivre.

Une porte, une suivante, on s'éloigne des salles occupées pour finalement arriver dans une pièce particulièrement sombre. Un homme était assis à une table et son visage était éclairé par une bougie, seule source de lumière. Je me concentre sur lui sans prêter attention au choix de l'ambiance on ne peut plus glauque et je lui adresse un franc sourire chaleureux.


- Asseyez-vous.


Le ton est autoritaire. Mon guide m'abandonne au pas de course et referme la porte derrière moi... à clés. C'est là que je réalise que je ne suis venue qu'avec une petite dague sous la jupe.

Je m'exécute. Mes yeux restent rivés sur les siens.

Court sur pattes, chauve, les mains croisées au niveau de son visage. Regard perçant, peut-même même un peu cruel. La cinquantaine. Il était plus habillé en homme d'affaires qu'en scientifique de laboratoire.

Pas un mot de plus n'est prononcé.


Je ne suis pas du genre à être intimidée. J'allais calmement attendre qu'il se décide à en finir avec sa petite mise en scène qui me paraissait bien trop exagérée mais ...

Mon oreille droite s'agite. Je perçois plusieurs respirations autour de nous. Sans ne rien laisser paraître j'aiguise mes sens et peu à peu dans la pénombre une multitudes de silhouettes se dessinent, nous encerclant. Ils sont immobiles.

Un piège .. ? Une garde renforcée ? Les champignons étaient si dangereux que ça ?


- Mettez-vous à l'aise... Nous allons pouvoir débuter les négociations concernant la fille de votre patron.

- ...


Quoi !?


Mais qu'est-ce qu'il me raconte ? Quelle fille et quel patron ? Tahroy ? Tahroy avait une fille cachée qui a été kidnappée par le laboratoire parce qu'ils veulent garder nos champignons magiques ? Et Tahroy a oublié de me prévenir ? Ou alors il me teste et met en jeu la vie de je ne sais pas quelle fille en espérant que je revienne avec après une petite pirouette d'improvisation ? Non, ça ne tenait pas debout. Tahroy n'aurait jamais fait ça.


- Et ... concernant les champignons ?

- Je vous demande pardon ?

- Les conditions ! pardon. Les condition pour la libération de .. la fille de mon patron.


Magnifique. Je n'étais tout simplement pas au bon rendez-vous. Est-ce qu'Ecaflip ne venait pas d'uriner sur ma chance légendaire ? Quelle était la probabilité pour que mon rendez-vous tombe pile à la même heure que celui d'un gang impliqué dans une histoire d'enlèvement de jeune fille ?


- Huit-cent millions de kamas, mais votre patron le sait déjà n'est-ce pas puisque vous êtes ici pour ça ...


Je reste souriante mais les mots ne viennent pas. Il soupire et à l'aide de la bougie il se met à en allumer plusieurs autres qu'il répartie sur la table. La salle est plus éclairée et je constate que cette quinzaine d'hommes autour de moi est armée jusqu'aux dents.


- Pardonnez mon impolitesse mais .. Je suis particulièrement pressé, charmante demoiselle. Ne tournons pas autour du pot.


Sa courtoisie sonnait aussi faux que ne l'étaient ses deux dents de devant.


Est-ce que je suis réellement en train de négocier la vie d'une parfaite inconnue ?

La somme était exorbitante et je n'avais pas le loisir de faire ma marchande de tapis. Il n'hésiterait pas à se débarrasser de moi. Hors de question non plus de me lever en prétextant m'être trompée de salle il ne me laisserait pas sortir en un seul morceau.


Pas le choix il fallait se lancer. Brusquement mon attitude change du tout au tout. Mon sourire s'efface et mes petits crocs félins se dévoilent. Une étincelle de malice au fond de mes pupilles, je balance doucement ma queue de gauche à droite dans mon dos et je croise mes jambes sous la table, le menton relevé sur un air de défi.


- Moi non plus, je n'ai pas de temps à perdre. Veuillez m'excuser pour ces petites précautions je voulais être certaine que nous avions bien les mêmes informations, mon cher. De plus je ne suis pas là pour vulgairement vous parler de kamas.


Ses doigts se mettent à tapoter sur notre table et je surprends un regard en direction de ses hommes. J'enchaîne rapidement, certaine de moi.


- Vous savez pertinemment bien que mon patron aurait un marché nettement plus intéressant à vous proposer. Je me trompe ?


[À suivre]

- COMMENT !? VOUS OSEZ !?

Mon poil se hérisse, est-ce que j'ai touché une corde sensible ? Trop peut-être. À cet instant je me demande si je ne viens pas d’envenimer un peu plus ma triste situation.

Le bonhomme chauve en face de moi était au bord de l'implosion. De grosses veines battaient sur ses tempes et une ride aussi large que mon auriculaire s'était creusée entre ses deux yeux. Il soufflait comme un bœuf et me fixait d'un regard fiévreux.

Autour de nous je sens que les esprits s'échauffent et que ses camarades à fortes carrures sont prêts à abréger l'entretien.

Mais je poursuis.


- Nous osons, oui.
- Cela fait plus de quinze ans …
- Je sais, c'est douloureux n'est-ce pas...
- Ils disaient qu'il n'en sortirait jamais, comment ce charognard compte s'y prendre au juste ? Tout ça, ça sent l'arnaque.
- En réalité c'est déjà fait.
- Mon frère est libre !?

Ah, ainsi donc nous parlions de la libération de son frère …


- Je veux voir la fille.


Il ricane et s'enfonce un peu plus sur sa chaise. J'avais l'air de bien lui plaire, au final. Ou du moins l'amuser.


- Soit.. Amenez-la.


Une porte dans l'ombre s'ouvre, des bruits de pas .. Deux disciples d'Ecaflip rejoignent la droite de leur chef et entre eux, une jeune fille. Elle n'avait pas l'air d'avoir été violentée et la peur n'était que très légère sur son visage. Une courageuse je pensais, pourtant elle doit être à peine majeure.


- Alors ? Vous voyez que la marchandise est intacte. Quand mon frère me sera rendu ? J'ai hâte de me débarrasser de cette peste.
- Son frère ?! Mon père a décidé de faire évader Gyur des geôles de la Milice !? Il en est hors de question je préfère encore rester leur prisonnière !


Génial, une héroïne prête au sacrifice pour le bien de je ne sais quelle Cité ou Milice. Elle n'allait pas me faciliter les choses.


- Et d'ailleurs qui êtes-vous, mon père devait faire envoyer son bras droit ici !
- Il y a eu quelques changements de dernière minute mais ne vous en faites pas, c'est bientôt terminé, maintenant si vous voulez bien me laisser régler les derniers détails avec ce cher monsi...
- Mais quel est votre grade au juste !? Mon père n'enverrait-il pas une recrue pour me chercher !?
- Votre père a toute confiance en moi.
- Et mon frère dans tout ça !?
- Votre frère il peut aller se faire foutre !!


À ces mots elle tourne le visage vers son bourreau et lui crache sur la joue. Absorbée par la dégoulinade laiteuse qui dévale le faciès de mon interlocuteur jusqu'à goutter sur son beau costume, je mets un petit temps avant de réaliser que la situation commençait à m'échapper.

Il allait perdre patience et nous serions toutes les deux exécuter. Il irait chercher lui-même son frère.

Le regard grave je me lève et j'avance derrière la table. Les Ecaflip tirent leur épée mais s'arrêtent surpris en voyant ma main s'abattre violemment sur la joue de la captive.

- Comm... !?

Je réitère le geste, une baffe sublime à lui en dévisser la tête sur les épaules. Elle se tient la joue et ne dit plus rien. Mon ton est glacial.

- Sale petite insolente … Quand on a la bêtise de se faire capturer et de causer autant de soucis à ses proches, on a l'intelligence de se faire oublier et de sagement prier pour que les choses s'arrangent ! Si je dis qu'il a été décidé de la libération de Gyur uniquement pour vous permettre de rester en vie, vous baissez les yeux de honte et vous répondez merci ! RIEN D'AUTRE !

Je sors un morceau de tissu de ma poche et le tend au chef de gang avant de retourner m'asseoir.

- Votre frère pourra quitter la planque où nous l'avons placé à sa sortie de prison lorsque la fille sera dans les bras de son frère.
- De son frère ?
- Non, j'ai dit de son père.
- Patrick sera donc présent …
- Oui il attend sa fille je vous le répète.
- Non Patrick c'est son frère.
- Oui comme je le dis. Bon, ne perdons pas de temps maintenant !
- Parfait mais vous, vous restez avec nous... En caution. On relâche la fille, elle court retrouver sa petite famille et vous, vous serez libre quand mon cher frangin sera arrivé à bon port.


Piégée. Je croise le regard de la fille maintenant libre. Elle se frotte les poignets abîmés par la corde trop serrée il y a à peine quelques secondes.. Quant à moi je tends les miens. J'allais donc prendre sa place en l'attente d'un homme dont je ne savais rien et qui n'était assurément jamais sorti de sa cellule..

Qu'est-ce qui m'a pris  de vouloir la sauver?

- Ne vous en faites pas madame je vais courir rejoindre père et l'informer qu'il peut vous envoyer l'ordure ici.. Vous serez bientôt libre à votre tour.

Elle passe à côté de moi et je m'empresse de lâcher à son passage :


- La Compagnie de Krisegis, Astrub. Si tu te perds en chemin .. N'hésite pas .. à aller les voir.


Elle fronce les sourcils et part.


Je prie pour qu'elle comprenne.

Et je prie pour que lorsqu'elle comprendra que tout n'avait été que du bluff .. elle aille trouver la Compagnie .. et ne profite pas simplement de la situation pour se barrer et m'abandonner à mon sort.

[À suivre]

Un parchemin est déposé sur le comptoir du QG sur les coups de midi.

Citation :

Compagnie Krisegis.

Je m'appelle Firenza, mon père est un haut-gradé de la milice d'Astrub. Il y a quelques jours j'ai été enlevée par le gang Homec, fondé par trois frères il y a 60 ans et désormais dirigé par trois nouveaux successeurs. Ils sont connus pour vols, meurtres, cambriolages, tortures, chantages, en clair vous pouvez leur reprocher tous les crimes les plus odieux et en grande quantité.

Le gang réclamait à mon père beaucoup d'argent en guise de rançon et mon père, n'ayant pas cette somme, devait envoyer son bras droit pour négocier ma libération avec l'un des cousins des dirigeants du gang. (c'est une affaire très familiale. L'homme en question je ne connais pas son prénom mais il est petit, chauve et très colérique)

Hier soir sur les coups de 21h c'est une femme qui s'est présentée pour mener à bien les négociations. J'ai été surprise de ne pas la connaître mais elle a assuré que mon père lui faisait confiance. Une disciple d'Ecaflip, grande, cheveux blonds et yeux bleus. Elle a déclaré que mon père avait fait libérer de prison le frère de mon geôlier et qu'ils devaient me relâcher pour que l'homme en question leur soit rendu.

J'ai été relâchée mais cette femme est restée leur prisonnière, en caution …

Ils attendent que leur homme revienne. Je suis rentrée confiante auprès de mon père pour annoncer qu'il pouvait renvoyer la crapule chez lui mais père affirme qu'il ne connaît pas cette femme, qu'il ne l'a jamais envoyée à mon secours et pire encore, que jamais au grand jamais Gyur n'a été libéré de prison. Je ne comprends pas la situation mais je me sens responsable du sort de cette personne qui a pris ma place...

Avant que je ne sois libérée elle m'a conseillé de venir à votre rencontre « si jamais je me sentais perdue ». Je crois que par là elle entendait que peut-être vous pourriez en savoir plus .. et mieux encore, que vous pourriez l'aider. Je vous en conjure, je pense que le temps presse, ils vont bientôt s'impatienter de ne pas voir arriver Gyur !

Ils se rassemblent régulièrement à la Taverne d'Amakna pour leurs petites réunions.

N'hésitez pas à me renvoyer mon tofu si vous avez des questions.

Firenza.

- Nous y voilà en enfin !

Je me tiens devant l'entrée de l'auberge, je parcourt vite mentalement le plan établit.

-Ok, je pense que je n'ai rien oublié... au pire j'improviserai.

je prend une profonde inspiration, arme mon bras et me décoche un fabuleux crochet du droit en pleine face. Voyant quelques instants des étoiles.

-Je pense que c'est bon, ma lèvre inférieur est fendue et du sang en jaillit un peu.

Je donne un grand coup de pied dans la porte de la taverne et rentre précipitamment.
Je me retrouve nez à nez avec une trentaine de criminel.
Toutes les conversations s'arrêtent et ils me fixent tous.

Pense : Il faut que j'agisse vite !

-Les gars , Les gars !! Venez vite ! Dépêchez-vous !

La dessus, un gaillard aussi grand qu'un Mulou se lève s'approche près de moi avec un regard assassin.

-T'es qui toi morveux ? tu sais où tu te trouves ? Tu sais qui nous sommes ?

A ses mots, plusieurs autres types se lèvent sortant couteaux et me lançant un regard noir.

-Je n'ai pas le temps de discuter avec toi, vite dépêchez-vous venez m'aider !

- Mais tu te fous de ma gueule tu vas crev....
(je ne le laisse pas finir sa phrase)
-Aidez-moi où vous subirez le courroux de Morlak !!

à mes mots l'homme blanchi, je saisi l’occasion et continue de parler

-Ils nous à envoyé moi et mon équipe attaquer un convoi minier de diamants et la milice nous est tombé dessus. C'était un raid secret caché aux yeux des boss.

-Mais pourquoi ? Morlak à remis le gang ! Pourquoi reprend-t-il du service ?
Je lui répond assez sec.
-Tu es qui pour demander des réponses à Morlak ? Je tiens assez à ma vie que pour ne pas me poser de questions ! Venez m'aider sinon on y restera tous ! Si Morlak apprend que j'ai échoué et que vous, vous n'avez pas bougé le petits doigt on est mort !
-Mais le chef est occupé pour le mo.....

Je le coupe

-Tu tiens vraiment à subir le courroux de Morlak et crever de façons brutale ? ?
Il blêmit plus et l'assemblée aussi.

-On à pas le temps dépêchez-vous !

il fit signe de la tête et une quinzaine d'hommes se levèrent.

-Dépêchons-nous, je t'expliquerai en chemin !

Je me retourne et suivit d'une quinzaine d'hommes on quitte l'auberge pour s'éloigner vers les mines au nord.

Le plan était bien ancré dans mon esprit. J'attendais patiemment, quand je vis Wolf partir en courant suivi d'une quinzaine de personnes. Bien, il en avait même attiré plus que prévu, tout se passait à merveille. J'avalais la potion rapidement et mon corps commença à se transformer petit à petit. Aucune douleur, juste un petit picotement dans tout le corps et me voilà changée en brute épaisse. Il semblerait que j'avais sacrément grandi et pris en muscle. Je me tournais vers Sting et Tahroy et balançais d'une voix rauque :

- Alors, c'est comment ? Je ressemble bien à Gyur ?

Je cours aussi vite que je peux, je ne laisse pas le temps à la quinzaine de types d'ouvrir leur bouche autre que pour respirer.
Je doit les éloigner le plus loin possible de la taverne.

Le chef de la bande me rattrape

-Et dit donc toi, tu nous expliques pourquoi tu es le seul à être venu ?

Je lance sèchement

- A ton avis ? Peut-être parce que je suis le seul à être encore en état après une embuscade de la milice !

Je redouble la vitesse pour ne pas lui laisser le temps de me poser une autre question.
Il faut que je rejoigne la mine au plus vite, le temps presse...

Je regarde mes mains poilues, et le ton sur lequel je viens de m'exprimer me surprend moi-même. Un sourire se dessine sur la balafre qui me sert de visage.

- Bien, plus qu'à attendre le signal. Espérons que Wolf s'en sorte entier ...

J'aperçois au loin la mine ! Enfin !!
Je jette un coup d’œil derrière moi et  je vois que les types me suivent toujours parfait !

pense: Pourvu que Olaf aie réussi à mettre tout en place.

Je m'arrête net devant l'entrée de la mine. Je joue la carte de l'empressement.

- Vite dépêchez on n'a pas la temps de souffler !

Le chef veut dire quelque chose mais je le coupe directement

-Au fond de la mine c'est par ici !

Je m'enfonce dans la mine, je cours me rappelant bien l'itinéraire que Olaf m'avait donné.
Je m'arrête au fond d'un cul de sac et je me retourne pour faire face à mes poursuivants.

-Mais tu te fous de nous ? il est où le convoi minier ?

-Ahahah mais de quel convois minier tu parles ?

A ces mots, le chef comprend que ce n'était qu'une supercherie depuis le début.

-Attrapez le !!!

Je laisse déferler ma rage et à coup de griffe je me fraye un chemin en sens inverse dans les mercenaires. Évitant les coups de haches et d'épées.
Je cours, un rapide check sur le mur de droite m'indique que j'ai passé le bon endroit !
Je Hurle

-Vas-y Olaf !!

A ces mots une grosse détonation se fait entendre juste derrière moi, les explosifs qu'avait placé mon ami fit s'effondrer la galerie où se tenait un peu plutôt la quinzaine de criminels.
Les ensevelissant à jamais dans cette mine.

Je sors de la mine en même temps que le souffle de l'explosion, m'envoyant voler quelques mètres plus-bas.

-Plus une minute à perdre ! Le Signal !

Je pousse le plus grand hurlement qui puisse faire un Ouginak, en espérant bien me faire entendre à des lieues à la ronde.....

Le coup de l'homme vient heurter mon épaule, fronçant mes sourcils par la même occasion. Mes grands yeux froids se posent sur lui.

- T'as pris en confiance depuis mon départ il semblerait. Évite de poser tes mains sur moi, cela fait quelques temps que je n'ai pas passé la soirée avec une gonzesse.

Le bandit parait stupéfait et un peu perdu, et un large sourire apparait sur mon visage, dévoilant des dents manquantes. Gêné, il sourit à son tour pour donner le change.

- Allez conduis nous derrière, plus vite je serais débarrassé de ces menottes plus vite on pourra se casser.

Mon "alter-ego" hoche la tête et nous précède dans le long couloir noir qui mène à l'arrière salle. Le temps semble s'allonger, et la pression augmente. Mais j'ai confiance en Sting, il connait le plan et ne fera rien de débile.
Notre marche se termine devant une porte. Le bandit l'ouvre violemment devant les quelques bandits gardant une Mirye enchainée. Les personnes présentes semblent ravies de me voir, ou plutôt de voir Gyur. Je ne leur laisse même pas le temps de parler.

- ******, vous auriez pu en choisir une plus bonne que ça pour servir de monnaie d'échange avec moi. J'ai l'impression qu'vous me crachez à la gueule avec c'truc qui sert d'otage.

Les mots sortent naturellement. Mon entrevue avec Gyur porte ses fruits, chaque geste, chaque tic de langage, chaque expression de son faciès disgracieux sont ancrés en moi. Tout mon être crie son soulagement de voir Mirye en vie, mais je n'en laisse rien apercevoir. Prochaine étape, la diversion ...

Olaf me rejoint et me donne une tape dans le dos

- Et ben Wolf c'était un sacré spectacle à voir ahahahaha !
- Ahah oui ça valait le détour hein ?!

Je sourit à mon ami Olaf.
Olaf était un Enutrof d'une cinquantaine d'année qui m'en devait une après que je lui ai sauvé la vie lors d'un souci d'ardoise non payée à la taverne du Ripate.

- Je pense qu'on est quitte Wolf.
-Bien sûre l'ami ! Mais évite la taverne encore pendant quelque temps !

Je ris une dernière fois avant de m'élancer en direction de le taverne rejoindre Stiing et Ombrya

Sieste et méditation, oui messieurs, voilà mes seules préoccupations en attendant que mes partenaires accomplissent leur miracle et viennent à ma rescousse. J'avais soigneusement ignoré les tentatives de provocation, de drague, les insultes, les moqueries, les grosses allusions dégueulasses et les mauvaises haleines toujours trop proches de mon sensible museau.

On m'avait attachée et bandé les yeux. Je n'étais pas effrayée, disons plutôt désespérée par la situation et je ne comprenais toujours pas pourquoi je m'étais sentie obligée de jouer les héroïnes.

Et s'ils ne venaient pas ? Probablement alors j'enfoncerais mes griffes dans mes poignées pour faire fondre les chaînes, pour commencer. Plus que tout je voulais éviter d'en arriver là. Ce n'est jamais bon de dévoiler ses petites caractéristiques trop exotiques à des inconnus en quête d'argent et de pouvoir.

Ma porte s'ouvre avec fracas et je recherche aussitôt à identifier quelques odeurs familières avec espoir.

Stiing. Et .. ?

- ******, vous auriez pu en choisir une plus bonne que ça pour servir de monnaie d'échange avec moi. J'ai l'impression qu'vous me crachez à la gueule avec c'truc qui sert d'otage.


Non, je ne connaissais ni cette voix ni cette odeur et pourtant un petit quelque chose d'incompréhensible rassurait mes instincts.

Monnaie d'échange ? Est-ce qu'ils avaient réellement libéré Gyur ?

Peu importe. Si Stiing était ici, c'est qu'ils avaient un plan.

Il était temps. Toutes les conditions semblaient réunies, et l'heure était maintenant à la partie épineuse du plan, ou la plus plaisante, tout dépends la façon de voir les choses. Je m'approchais de Mirye tranquillement, personne ne voulant barrer la route à celui qui valait 800 millions de kamas, et arrachais son bandeau des yeux en m'accroupissant près d'elle.

D'un regard extérieur, mes yeux de bovin étaient plantés dans les siens, tandis que ma douce haleine semblait caresser son visage. En vérité, j'étais pleinement concentrée sur la création d'un petit spectacle que j'avais si souvent mis au point par le passé.

Ma cage invisible prenait forme sur les murs intérieurs de la taverne. Rien jusqu'à présent n'était perceptible, outre le fait que l'air s'y faisait un peu plus rare et que la température avait grimpé de quelques degrés.

Battage de sourcils, pincement de lèvres. Les murs commençaient à saigner à l'intérieur du bâtiment devant le regard ahuri des bandits. D'immenses cris stridents sortis tout droits d'un monde d'épouvante perforaient nos tympans, déchirant le silence de plomb qui s'était installé depuis quelques secondes. Des cadavres à moitié démembrés, les tripes à l'air et à la peau écorchée vive commencèrent à envahir la pièce. Purulents, ils semblaient morts d'une vieille forme de peste qui décourageaient les plus hygiéniques du monde des douzes d'y toucher. D'autres visages commençaient déjà à se former dans les murs ensanglantés, laissant tomber au sol d'autres de mes précieuses illusions rampantes dans de délicieux râles d'agonie.

La cage mise en place avait comme prévue deux entrées : par le toit et par la porte principale, laissant le champs libre à Tahroy et Wolf d'intervenir. Je murmurais la phrase que Dolosa m'avait apprise pour faire cesser la métamorphose :

" Tahroy est aussi immobile qu'un vieil Orme, la beauté en moins."

Mon corps se métamorphosa petit à petit, me donnant quelques nausées. Deux fois en moins d'une heure, mon organisme n'avait pas l'air d'apprécier. Je servis un petit sourire entendu à Mirye en commençant à m'attaquer à sa prison de métal, ne prenant même pas la peine de voir si la diversion faisait effet. Tout reposait sur Sting pour assurer nos arrières pendant que je libérais celle qui était depuis quelques temps maintenant ma partenaire. Allez les gars, c'est à vous d'assurer maintenant.

Citation :

Pendant que les autres se battaient, Tahroy était tranquillement assis au Qg en train de boire un café. Il faisait chaud, il faisait bea... Ha non finalement !

Patientant depuis le début près de l'entrée, Tahroy écoutait et observait : une bonne partie des obstacles s'étaient dirigés dans le piège de Wolf. A l'intérieur, des cris d'effroi... il semblerait qu'Ombrya s'amuse déjà beaucoup. Un regard au loin, Wolf semblait revenir, mais il fallait y aller maintenant.

Saisissant son marteau, il se dirige à l'intérieur avant de remarquer l'état des murs.

- "Parfaitement immonde. "

C'est donc à moitié absorbé par cette décoration funeste que le sacrieur se fait frapper d'un coup d'épée par un gars essayant de fuir.

- "Mais... Reviens là toi !"

Se servant du sang coulant, il lance son attirance sur le fuyard avant de lui frapper la tête de son arme. Satisfait il se retourne, quatre gars face à lui. Deux semblent trembler en observant les corps autour d'eux tandis que les deux autres, plus vieux et expérimentés, n'avaient aucun problème à se battre dans dans charnier.

- "Il doit y avoir une belle prime sur ces deux-là... Il ne faut pas les tuer."

Activant ses tatouages Sacrieur et sortant ses chaînes, il se met alors à foncer dans le petit groupe. Ça lui semblait être d'une difficulté acceptable et si il y avait un imprévu, Wolf arrivait.

Je couru le plus vite possible la distance qui me séparait de la mine à la Taverne.

- "Vite l'arrière boutique."

Je traverse au galop la pièce principale de la Taverne vide et sans m'arrêter je me jette tête baissée dans l'arrière boutique là où se trouve ceux de la Compagnie.
Et d'où d'horribles hurlements sortent...

- " Mais qu'est ce que .... !!! "

Je pousse un juron et reste figé devant la cage d'Ombrya.
Mes poils s'hérissent devant ces abominations.

C'est alors qu'un grand coup de gourdin me percute la face et que je reprend mes esprits !
Je regarde l'homme qui venait de faire çà, tout hébété de me voir encore debout.

-"Merci, j'en avais bien besoin"

Je souris et dans un terrible hurlement, je laisse couler ma rage en moi et me transforme dans ma forme bestiale.
Je saute à la gorge du type sans lui laisser le temps de bouger et d'un coup de sec de la mâchoire je le réduis aux silence.
Mon regard noir se pose sur la pièce, j'ai le goût du sang en bouche et il m'est impossible de raisonner sous cette forme. Je me laisse donc guider par mon instinct d'Ouginak et je saute sur un grand gaillard à ma droite en grognant.

Libérée. Sitôt le dernier maillon de mes chaînes au sol, je suis debout et bien résolue à me tirer de cet endroit. Hors de question cependant de ne pas déposer une tendre bise sur la joue de ma partenaire qui est - soit dit en passant - nettement plus agréable à regarder une fois débarrassée de sa métamorphose.

Juste un bref baiser, sans même croiser son regard..


Les immondices d'Ombrya ont envahi la pièce et les crétins horrifiés encore debout restent pétrifiés, attendant en larmoyant la venue de l'apocalypse ou que sais-je. Stiing n'a plus qu'à les cueillir.

Ma perception en revanche est parasitée, les lamentations brouillent mon ouïe et le parfum du sang emplit mon museau. Impossible de savoir combien m'attendent plus loin mais une chose est sûre, en vue du boucan, l'alerte a été sonnée depuis belle lurette et de nouveaux obstacles se sont dressés entre nous et la sortie, patients.

Tahroy est aussi de la partie ... En couple avec son marteau. Est-ce que je lui en colle une de suite pour m'avoir envoyée dans ce nid ? On réglera ça plus tard. Puis qui est cet Ouginak déjà...


Mais peu importe, le fait est que je suis désarmée en dehors d'une dague.

Attendre à l'arrière que mes coéquipiers fassent le ménage ? Ou bien ..


Petit sourire en coin.


Je m'empare des chaînes encore à mes pieds, longues et robustes. Un coup d’œil sur la porte devant moi et sans prévenir je pousse un miaulement strident, les crocs dehors et le poil hérissé. L'instant d'après quatre petites boules de poils apparaissent et me grimpent dessus en ronronnant. Je distribue mes caresses, souffle un baiser et murmure de charmants mots doux à ces chachatons invoqués avant de lâcher mes chaînes au sol.

Ils sautent, s'en emparent dans leur gueule et se ruent en avant d'un seul même geste.

Je prends à peine le temps de prévenir Ombrya.

- Je nettoie la suite ok ?!


Puis je ne suis plus là, mes talons aiguilles à la main.


Les chachatons s'écartent. Deux chaînes, un félin à chaque bout, les mailles tendues entre leur gueule. On traverse la salle pour se retrouver dans la suivante où trois roublards attendent de pied ferme, l'arme à feu tendue. Je ne freine pas ma course et constate qu'ils ne regardent que moi, les chachas planqués sous le mobilier.

Le premier coup de feu part et je bondis en hauteur pour sauter par-dessus une table, esquivant la balle. Mes invocations profitent qu'ils aient le nez en l'air et les chaines se nouent autour des jambes de deux roublards qui agitent les bras et chutent en arrière.

Petit miaulement de satisfaction, puis, le repas. Difficile de résister à la vue de ces adorables minous en train de dévorer la gorge de ces méchantes personnes, le poil et le museau rougis de leur sang.

- M'iou .. ça ce sont mes bébés !


Second coup de feu, la balle traverse le flanc de l'un des chachatons qui meurt sur le coup. Je grogne et la dague sous ma jupe est projetée en direction de son coeur. Ayant vu venir le coup il se jette sur le côté derrière un comptoir. Loupé.

Je le traque, saute à mon tour à l'arrière pour lui tomber dessus et lui défoncer avec hargne les yeux et le visage à coups de talons.


Les éclaboussures ont sali mon beau tailleur, mon chignon est défait et je ne reporterai probablement jamais plus ces chaussures mais lorsque je me redresse de derrière le comptoir .. Je constate ravie que la salle est enfin nettoyée, et que la sortie est à deux pas.

Une fois Mirye déchainée dans tous les sens du terme, je m'avance tranquillement dans la salle principale. Wolf et Tahroy ont fait du bon boulot, la pièce est maintenant nettoyée. Enfin nettoyée ... Du sang et des tripes suintent au sol, et ceci n'est pas une de mes illusions. Notre jolie petite troupe commence à se diriger vers la sortie à toute vitesse pour fuir le lieu du massacre. Sûrement un peu trop vite.

Un des bandits est encore sur la fenêtre du toit de la taverne, en train de viser Mirye de son fusil. Mes pupilles s'écarquillent et je m'élance.

Un bruit sourd.

La balle retombe encore fumante après avoir heurtée ma faux. D'un pas souple, je recule en prenant appui sur le comptoir du bar et saute avec la souplesse d'un chacha jusqu'au perchoir de celui qui a failli causer la perte d'une des nôtres. Déboussolé, il tente de recharger son arme en tremblant, mais c'est trop tard. Ma main est à l'intérieur de son corps, enserrant de mes dix doigts son cœur battant encore tout chaud. D'une forte pression, je fais éclater son si précieux organe, ôtant la vie immédiatement de ses yeux restés ouverts. Finalement j'aurais peut être eu quelque chose à me mettre sous la dent.
Je ferme les yeux du bandit en le couchant doucement sur le toit et fixe l'horizon, les cheveux valsant au rythme de la petite brise qui venait de se lever.

"Je ne te savais pas un goût si prononcé à jouer les demoiselles en détresse Mirye ..." Murmurais-je dans un demi-sourire, plus pour moi que pour eux.

Encore une mission menée à bien, il était temps de retourner au QG. Ce soir, j'ai pu voir que la compagnie de Krisegis savait se montrer forte dans les situations les plus périlleuses, mettant de côté leurs états d'âme pour aider l'un de nos camarades. Mieux que ça, je me suis surprise à craindre pour leur vie. Peut être que j'étais plus attachée à eux que je le pensais finalement ...

Mes pieds retrouvèrent la terre ferme et je m'élançais en direction d'Astrub. Allez, on rentre à la maison !

Plus tard Mirye trouva ce petit morceau de papier au fond de l'une de ses poches :